Marie CHARLES

Cette page première continuera, je l'espère, - encore quelques temps - d'être une source de réflexion pour chacun de nous, régulièrement. Un espace pour penser notre vie, nos choix et surtout nous questionner. Et, au delà du questionnement, chercher des réponses et trouver des ajustements avec notre environnement, notre avenir possible, les contraintes de nos vies et du Monde.
Mon regard dans la vie, en thérapie, comme dans mes écrits, est souvent axé sur les détails et les contrastes. Beaucoup d'entre vous y retrouveront ma façon d'être et d'avoir été à vos côtés.
Les mots et la musique des écrits sont depuis longtemps ma sauvegarde existentielle. J'ai osé commencer à écrire pour vous et j'y ai découvert que cela m'était nécessaire.
Avec simplicité et humilité je tente donc de vous faire entendre ces harmonies, je vous les offre comme chemin de découverte de vos propres gammes.
A bientôt...
Je reste là ...

L'édito du mois...
Mai 2023
"Regarder, observer et contempler ! "

Nous vivons un contexte anxiogène, déstabilisant, inquiétant. Nous questionnons notre avenir dans le monde, celui de notre planète. Les comportements régressent et deviennent défensifs ou offensifs, entre culpabilisations, dénigrements, violences gratuites et difficulté à dialoguer, à réguler, à respecter la pensée de chacun. Pourtant les saisons se succèdent avec des promesses de temps pour soi et avec nos proches, de plaisirs partagés… qu’il nous appartient de vouloir et de créer, d’inventer parfois, de provoquer souvent !
L’une des clés serait sans doute de se poser et de s’entrainer à voir, à regarder, puis à contempler ! Ce qui exige de porter un regard résolument ouvert, de façon consciente et volontaire, sur les choses et les êtres de notre monde. Il nous faut élargir et approfondir notre perception. Il nous faut laisser de côté nos habitudes, nos croyances, nos à-priori construits au fil des ans, au profit d’une curiosité saine envers notre réalité. Il nous faut observer ce qui pourrait avoir changé, en soi et chez l’autre, doucement, sans bruit. Et là encore notre filtre de lecture et d’observation risque de modeler notre regard. Sortons autant que possible, dans un véritable effort, de notre partialité, de nos jugements pour, non pas voir que ce que nous voulons et savons déjà conforme au passé, mais pour chercher et observer ce qui, jusqu’à ce jour, était hors de notre portée. Laissons aller notre vision passéiste comme nos projections futuristes afin de nous laisser toucher par ce qui est, ici dans notre présent, source de promesses et de surprises potentielles. Changer n’est pas le travail d’un jour mais bien celui d’un temps au long cours. Il a besoin d’être reconnu et soutenu, sans cesse, même dans les moments de doutes, d’erreurs, de déceptions de soi ou de l’autre, de quête d’amélioration.


Contempler serait donc voir sans intention ni discrimination, sans vouloir comprendre mais en sachnat observer la réalité de l’instant et communier avec elle. Ce serait renoncer à la valse des raisonnements, des « oui mais », pour regarder, admirer et atteindre une vision plus large et globale de ce qui est, dans un calme intérieur qui délaisse notre « ego » et nous fait appartenir pour quelques instants à l’amplitude du monde. La pensée ne s'arrête pas vraiment bien sûr, les images comme les idées continuent leur ronde imprévisible, mais notre attention, vraie et voulue, propose plus de lenteur et de légèreté à cette valse, comme si ce ballet cessait de nous affecter ou de nous exciter. Il nous faut ne plus chercher à contrôler, amplifier ou réduire. Contempler serait atteindre cet espace de vacuité qui nous permet la hauteur et la bonne distance. Contempler le grand -comme le petit- dans la nature nous offrira de vrais émerveillements sur la beauté de la Vie. Observer idées et questionnements permettra une mise en action plus ajustée à nos désirs et capacités. Se laisser emporter par l’Art nous ouvrira d’autres éclairages au monde, un accès à nos émotions profondes. S’écouter soi-même avec nos doutes, nos douleurs, nos peurs ou nos engouements, sera douloureux, vertigineux peut-être, mais nécessaire à la connaissance et à la création de soi. Contempler et accepter le temps qui passe, entre pertes et renoncements, nous fera cheminer dans notre humanité, vers l’essentiel.
La saine curiosité nous mènera vers l’ envie de découvrir, de questionner, d’appréhender les choses et les gens, et donc de contempler aussi nos relations. Au-delà de nos égos respectifs, avec toutes les ambivalences, les dualités, les similitudes et les différences qui nous font uniques et riches de nous-même, avec une attention précise et toujours accueillante, nous ferons s’amplifier les liens et trouverons comment réguler lorsque les désaccords se feront jour. Et,… la recette n’est pas magique.. Elle demande efforts, ténacité et volonté… partagés.
Contempler met en action toutes les dimensions de l’Etre, nos sens, nos émotions, nos ressentis, comme notre capacité à en faire quelque chose. Cette pratique est à la portée de chacun. Il nous faut juste nous accorder un peu de temps et une vraie attention posée sur les choses et les gens. Il en émerge alors l’émerveillement des nouveautés entraperçues, le recul utile à chaque acte engageant nos responsabilités, pour une action authentique, la plus ajustée possible à soi, à l‘autre, à ce qui nous est essentiel.
A bientôt. MC

Marie CHARLES